Consécration à Marie accordée en mariage
par Jo Croissant
Les fiançailles bibliques
Comme il est bon de suivre Marie dans les différentes étapes de sa vie et de pouvoir lui consacrer les différentes étapes de la notre. Il s’agit aujourd’hui de lui remettre ce temps de fiançailles qui est un temps de préparation au don total de soi-même à un autre dans un acte d’amour sans cesse renouvelé.
La personne commence à se construire dès l’enfance, tout d’abord à travers l’amour inconditionnel des parents, celui de la famille proche, puis d’un cercle de personnes avec qui elle entre en relation plus ou moins intime, cercle qui s’élargit au fur et à mesure des années. C’est le temps des petits amis, puis des amitiés à l’adolescence où l’on apprend à sortir de son égoïsme pour aimer les autres. Vient ensuite le moment du choix de l’aimé, de celui ou celle que l’on a distingué entre mille et qui nous correspond.
Le temps des fiançailles est celui où s’élabore la maturité affective qui permet de se préparer à l’engagement pour toute une vie. C’est à la fois un temps de grâce et d’émerveillement devant la force et la beauté de l’amour, mais en même temps un temps qui requiert une mûre réflexion pour se poser les bonnes questions, savoir ce que l’on veut faire de sa vie et à quoi l’on s’engage, pour opérer un réel discernement.
Cette élection d’une personne va transformer toutes les autres relations , en premier lieu celles avec les parents. L’appel à quitter son père et sa mère donné par Dieu à l’homme après qu’il ait accueilli la femme dans un cri d’émerveillement, la reconnaissant comme os de ses os et chair de sa chair, se fait entendre. La femme elle aussi doit quitter la fusion maternelle pour pouvoir être établie dans son identité et entrer dans le regard de Dieu son Père pour pouvoir se donner à l’homme sans se perdre.
L’apprentissage de la solitude approfondit la vie intérieure, favorise la rencontre avec Dieu dans laquelle on se découvre être unique et aimé.
Jean Paul II ne dit-il pas que « la solitude est préparation, attente, ouverture vers la communion des personnes ? » (Discours du 14 novembre 1979) La solitude est nécessaire pour entrer dans une véritable autonomie et pouvoir se situer de manière juste face à son conjoint, dans une relation de vis à vis, d’égal à égal, et non dans la fusion ou dans des relations de domination et de servilité.
Du temps de Marie, la tradition juive voulait que les fiancés vivent sous le même toit pendant un an, dans la chasteté avant le mariage. C’était déjà un engagement presque définitif. Cette distance dans la proximité permettait aux futurs époux de mieux se connaître, d’apprendre à se respecter, d’apprendre aussi les mille langages de l’amour en dehors de la relation conjugale, l’expression de la chaste tendresse, l’écoute et le partage profond de c¦ur à c¦ur.
L’engagement total dans l’union des corps était ainsi préparé pour que chacun puisse ensuite se donner et recevoir le don de l’autre de tout son être, en toute confiance, en se sentant pleinement accueilli par quelqu’un qui s’engage pour la vie.
La banalisation de la relation sexuelle a terriblement appauvri le langage de l’amour et la profondeur de l’union.
Contemplons Marie donnée en mariage à Joseph.
Elle est d’abord toute tournée vers Dieu, toute donnée à Dieu. Il est le sens profond et ultime de son existence. Son amour pour Joseph ne la détourne pas de son amour pour Dieu. Bien au contraire, c’est ensemble qu’ils se tournent vers la même direction et leur amour est d’autant plus profond qu’il s’enracine dans l’amour de Dieu.
Le temps des fiançailles permet cet enracinement.
Au lieu de reporter toutes ses attentes sur l’aimé, il éduque à se tourner vers Dieu pour être comblé dans ses profondeurs, et à se laisser aimer. Parce que nous sommes aimés infiniment , inconditionnellement, divinement, nous pouvons à notre tour aimer de plus en plus gratuitement, non pour combler nos manques, mais dans le désir ardent de contribuer au bonheur de celui ou celle que nous aimons.
Comme la bien aimée du Cantique des Cantiques qui peu à peu passe du « Mon bien-aimé pour moi » à « moi pour lui », entrer dans la maturité affective permet de se décentrer de soi-même pour être capable de don, capable d’entrer dans une réelle réciprocité.
EXERCICE
En consacrant ce temps des fiançailles, même si elles sont loin derrière nous, nous pouvons être amenés à faire des prises de conscience, et entrer dans une plus grande maturité affective et humaine.
1.A quel moment avez-vous quitté votre père et votre mère ?
2. Faites mémoire d’un événement qui a permis que le lien de dépendance avec vos parents soit tranché.
3. Faites mémoire d’un moment où vous vous êtes senti libre d’être vous-mêmes, sans honte face à vos parents.
4. Avez-vous fait l’expérience d’entrer sous le regard de Dieu votre Père ?
5. Avez-vous fait l’expérience que votre solitude était habitée par Dieu ?
6. Fermez les yeux quelques instants et mettez-vous en face de l’être aimé. Comment vous situez-vous par rapport à lui. Etes-vous au-dessus ? au-dessous ? devant ? derrière ? en retrait ?
Que comprenez vous de vous-mêmes à travers ce que vous voyez ? à travers ce que vous sentez ?
Désirez-vous changer quelque chose dans votre manière de vous situer dans la relation ?
Contemplez maintenant Marie et Joseph pendant leurs fiançailles. Soyez attentifs à la manière dont ils se parlent, dont ils se regardent, dont ils échangent des gestes de tendresse. Laissez vous pénétrer par la délicatesse et la profondeur de leurs sentiments. Laissez vous transformer par ce que vous contemplez.
Comme Marie laissez-vous envelopper par le regard du Père et accueillez dans votre c¦ur la plénitude de Sa présence.
Prenez le temps de savourer ce moment, puis, placez-vous de nouveau en face de l’être aimé.
Quelque chose a-t-il changé dans votre manière d’être ?
Dites ce que vous comprenez ? Quels changements cela va-t-il entraîner dans votre vie ?
Cantique 2, 16 : Mon bien-aimé est à moi, et moi à lui.
Cantique 6, 3 : Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi !
Cantique 7, 12-14 : Je suis à mon bien-aimé, et vers moi se porte son désir. Viens, mon bien-aimé, allons aux champs !
Nous verrons si la vigne bourgeonne, si ses pampres fleurissent, si les grenadiers sont en fleur. Alors je te ferai le don de mes amours.
Les mandragores exhalent leur parfum, à nos portes sont tous les meilleurs fruits. Les nouveaux comme les anciens, je les ai réservés pour toi, mon bien-aimé.