Fioretti : Calcutta ou la soif de Dieu – Le témoignage du week-end
“On ne va pas à Calcutta pour sauver le monde. Mais pour se sauver soi-même.
Si je vous décrivais ces séances de massage sur un jeune homme aux membres amputés, l’esprit fermé et les yeux sans joie, comprendriez-vous que c’était mon âme qui semblait être pétrie par des mains expertes ? Si je vous racontais mes efforts pour nourrir à la cuillère un vieillard alité, qui vivait alors ses dernières heures, arriverais-je à vous expliquer que c’était bel et bien moi qui m’en trouvais nourri ? Comment dire que l’on grandit aux tâches les plus simples offertes aux hommes les plus pauvres, de la toilette aux coups de balai, à la vaisselle des repas, à la lessive quotidienne… C’est la grande leçon de Mère Teresa : la découverte de la joie du service, en même temps que celle d’un Dieu qui saisit la chance de vous aimer.
Il y a une croix accrochée dans la chapelle de “Mother House“, la maison-mère des Missionnaires de la Charité.
A sa gauche est écrite la supplique du Christ agonisant : « I thirst ! ». « J’ai soif ». Cette soif n’est pas d’eau mais d’abandon amoureux, de sacrifice aussi. D’esprit brisé. Mère Teresa y voyait « le désir divin infini d’aimer et d’être aimé » : « tant que vous n’écouterez pas Jésus dans le silence de votre cœur, vous ne pourrez pas l’entendre dire “j’ai soif” dans le cœur des pauvres. Vous lui manquez quand vous ne vous approchez pas de lui. Il a soif de vous ! »
De l’autre côté du crucifix est inscrite la réponse offerte par les sœurs : « J’étanche sa soif ».
On ne va pas à Calcutta pour sauver le monde, mais pour s’agenouiller au pied de la Croix.
La meilleure place pour contempler le cœur de l’humanité. Humblement, à la mesure de nos yeux imparfaits, jusqu’à voir Dieu assoiffé dans ce jeune homme amputé ou ce vieillard au seuil de la mort – « le Christ dans un déguisement désolant ». Et lui donner à boire.
« Nous savons bien que ce que nous faisons n’est qu’une goutte dans l’océan, disait la Bienheureuse lors de la réception du prix Nobel de la paix, en 1979. Mais si cette goutte n’était pas dans l’océan, elle manquerait ! » Juste une goutte d’eau, petite et essentielle, pour étancher toutes les soifs.”
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