Comme un cierge pascal, Benoît XVI s’est éteint ce samedi matin. Il avait 95 ans. Le cierge pascal est celui que le prêtre allume dans la nuit de Pâques en signe de la résurrection du Christ depuis un grand feu allumé pour l’occasion dans la cour de l’église. Il est ensuite rallumé chaque dimanche jusqu’à épuisement de la cire.
Benoît XVI, en soutane blanche de pape émérite depuis la date de sa renonciation à la papauté, s’est ainsi consumé en prière. Lentement et surtout discrètement, selon son vœu le plus cher, même si l’actualité de l’Église a pu le rattraper parfois. Il vivait à l’abri des regards, comme un vieux sage ou plutôt comme le vieux moine qu’il avait toujours rêvé d’être, sortant seulement l’après-midi pour dire son chapelet. N’avait-il pas tenu à finir ses jours dans le silence, l’étude et la prière, et la soumission au pape régnant, retiré dans une petite maison à l’ombre de la coupole de Saint-Pierre, dans les jardins du Vatican ?
Sauf dispositions contraires qu’il aurait couchées dans un testament et qui pourraient être connues dans les heures qui viennent, Benoît XVI, en tant que pape émérite, devrait être enterré dans une des cryptes de la basilique Saint-Pierre avec tous les égards liturgiques dus à un pape. Et pourquoi pas là où le corps de Jean-Paul II fut, dans un premier temps, déposé, avant d’être remonté sous l’un des autels de la basilique, où il est honoré comme un saint de l’Église.
Spécificité inouïe de cette cérémonie d’obsèques dont on connaîtra très vite la date, elle sera présidée par son successeur élu, le pape François. Autre originalité, un conclave ne suivra pas cet enterrement pontifical.
Ce texte est rare, car ce pape n’était pas homme à parler de lui : « Bientôt, je serai face au juge ultime de ma vie. Bien que, regardant en arrière ma longue vie, je puisse avoir beaucoup de motifs de frayeur et de peur, mon cœur reste joyeux parce que je crois fermement que le Seigneur n’est pas seulement le juge juste mais, en même temps, l’ami et le frère qui a déjà souffert lui-même mes manquements et qui, en tant que juge, est en même temps mon avocat (Paraclet) (l’Esprit saint dans la tradition catholique, NDLR). À l’approche de l’heure du jugement, la grâce d’être chrétien me devient toujours plus claire. Être chrétien me donne la connaissance, bien plus, l’amitié avec le juge de ma vie et me permet de traverser avec confiance la porte obscure de la mort. À ce propos, me revient sans cesse à l’esprit ce que Jean rapporte au début de l’Apocalypse : il voit le Fils de l’homme dans toute sa grandeur et tombe à ses pieds comme mort. Mais Lui, posant sur lui sa main droite, lui dit : “Ne crains pas ! C’est moi…” »