«Dieu dit: ‘Que la lumière soit’. Et la lumière fut» (Gn 1, 3).
Une explosion de lumière, que la parole de Dieu tira du néant, déchira la première nuit, la nuit de la création.
L’Apôtre Jean écrira: «Dieu est lumière, il n’y a pas de ténèbres en lui» (1Jn, 1, 5). Dieu n’a pas créé les ténèbres, mais la lumière. Le livre de la Sagesse, révélant clairement que l’œuvre de Dieu obéit depuis toujours à une finalité positive, s’exprime ainsi: «Il a créé toutes choses pour qu’elles subsistent; ce qui naît dans le monde est bienfaisant, et l’on n’y trouve pas le poison qui fait mourir. La puissance de la mort ne règne pas sur la terre» (Sg 1, 14).
C’est dans cette première nuit, la nuit de la création, que le mystère pascal plonge ses racines et, après le drame du péché, il constitue la restauration et le couronnement de ce premier commencement.
2. Une autre nuit constitue l’événement fondamental de l’histoire d’Israël: il s’agit du prodigieux exode d’Égypte, dont nous lisons chaque année le récit dans la solennelle Veillée pascale.
«Le Seigneur chassa la mer toute la nuit par un fort vent d’est, et il mit la mer à sec. Les eaux se fendirent, et les fils d’Israël pénétrèrent dans la mer à pied sec, les eaux formant une muraille à leur droite et à leur gauche» (Ex 14, 21-22). Le peuple de Dieu est né de ce «baptême» dans la Mer Rouge, lorsqu’il fit l’expérience de la main puissante du Seigneur, qui le tirait de l’esclavage pour le conduire à la terre désirée de la liberté, de la justice et de la paix.
C’est la deuxième nuit, la nuit de l’exode.
La prophétie du Livre de l’Exode s’accomplit aussi aujourd’hui pour nous qui sommes des israélites selon l’Esprit, descendance d’Abraham grâce à la foi (cf. Rm 4, 16). Dans sa Pâque, comme nouveau Moïse, le Christ nous a fait passer de l’esclavage du péché à la liberté des fils de Dieu. Morts avec Jésus, avec Lui nous ressuscitons à une vie nouvelle, grâce à la puissance de son Esprit. Son Baptême est devenu le nôtre.
4. «Ô nuit bienheureuse, toi seule as mérité de connaître le temps et l’heure où le Christ est ressuscité des morts». C’est ce que nous avons chanté dans l’Exsultet pascal, au début de cette Veillée solennelle, mère de toutes les Veillées.
Après la nuit tragique du Vendredi saint, où la «domination des ténèbres» (Lc 22, 53) semblait l’emporter sur Celui qui est «la lumière du monde» (Jn 8, 12), après le grand silence du Samedi saint, où le Christ, ayant accompli son œuvre sur la terre, trouva son repos dans le mystère du Père et porta son message de vie dans les profondeurs de la mort, voici finalement la nuit qui précède «le troisième jour», au cours duquel, selon les Écritures, le Messie serait ressuscité, comme il l’avait à plusieurs reprises annoncé à ses disciples.
«Ô nuit vraiment glorieuse, nuit où le ciel s’unit la terre, où l’homme rencontre son Créateur!» (Exsultet pascal).
5. C’est la nuit par excellence de la foi et de l’espérance. Tandis que tout est plongé dans l’obscurité, Dieu – la lumière – veille. Avec Lui veillent ceux qui se confient et qui espèrent en Lui.
Ô Marie, c’est là par excellence ta nuit ! Tandis que s’éteignent les dernières lumières du samedi et que le fruit de ton sein repose dans la terre, ton cœur veille aussi. Ta foi et ton espérance regardent en avant. Au-delà de la lourde pierre, ils entrevoient déjà le tombeau vide; au-delà du voile épais des ténèbres, ils perçoivent l’aube de la Résurrection.
Fais, Ô Mère, que nous aussi nous veillions dans le silence de la nuit, croyant et espérant en la parole du Seigneur! Nous rencontrerons ainsi, dans la plénitude de la lumière et de la vie, le Christ, premier des ressuscités, lui qui règne avec le Père et l’Esprit Saint, dans les siècles des siècles. Alléluia!