Nous avons vu comment Marie est toute tournée vers le Père, et comment en nous donnant à elle, nous sommes conduits dans la bénédiction du Père. Nous entrons maintenant dans le Cœur de Jésus et nous sommes invités à nous unir a son humanité en lui consacrant toutes nos actions.
De même que Marie est demeurée dans l’ombre de la « puissance du Très Haut » pour que soit formé en elle le Fils de Dieu, c’est en elle que nous pouvons être configurés au Christ. J’aime beaucoup le rapprochement de ces deux versets : « Il redescendit alors avec eux à Nazareth et il leur était soumis. Sa mère gardait fidèlement toutes ces choses en son cœur. » et « Quant à Jésus, il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes. » (Luc 2,51.52)
Il y a là une clé pour nous, pour que nous devenions adultes dans le Christ, pour que nous puissions vivre cette croissance humaine et spirituelle devant Dieu et devant les hommes. Jésus était soumis à Marie et Joseph. Il s’est laissé éduquer par eux. Il a appris d’eux ce que c’était que d’être un homme. C’est par Marie qu’il s’est uni à notre humanité. Comme le dit si merveilleusement la prière eucharistique : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité. » Quel admirable échange ! En lui notre humanité blessée et pécheresse est transfigurée. C’est en nous réfugiant dans le Cœur Immaculé de Marie, ce lieu où toutes choses, toutes paroles, tout événements sont repassés dans la lumière du regard de Dieu, que nous recevons la force de « changer tout ce qui est négatif en nous pour tout transformer en positif et en vie », de renouveler notre regard sur nous-mêmes, sur les autres, sur les événements, de croître en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes, c’est à dire de parvenir à notre stature d’hommes, c’est à dire de parvenir à notre stature d’homme et de femmes adultes dans le Christ, ayant acquis une maturité humaine et spirituelle. Dans cette grâce nos actions ne sont plus des réactions, des actes qui nous échappent et que nous ne maîtrisons pas, mais des actes libres, en conformité avec la volonté d’Amour du Père pour nous et pour l’humanité. C’est ainsi que nous pouvons devenir des autres Christs, que le Christ peut vivre en nous comme le dit Saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. » (Galates 2,19)
Exercice
Avec Jésus redescendons à Nazareth dans la maison de la Sainte Famille. Mettons nous dans la présence de Marie et Joseph. Regardons les vivre. Portons notre attention sur leur attitude : leurs gestes, leurs regards, l’expression de leur visage, leur silence et leurs paroles, le ton de leur voix, la manière dont ils se parlent, dont ils se touchent.
Approchons nous de Marie. Elle est vivante ! Son être tout entier témoigne de l’habitation de Dieu. Elle rayonne de paix de lumière, de joie. Tout en elle est simple. Regardons la respirer, bouger, saisir les objets quotidiens avec douceur et respect, poser son regard sur Saint Joseph, sur l’Enfant-Jésus, sur nous. Accueillons son regard plein de lumière, de tendresse, de bonté.
Ecoutons le son cristallin de sa voix, sa douceur. Contemplons son corps, temple de la Beauté, tabernacle du Dieu Vivant, la manière dont elle se tient debout, dont elle se déplace, dont elle ouvre ses bras pour accueillir Jésus, dont elle exprime sa tendresse.
Imaginons nous vivant au cœur e la Sainte Famille. Confrontons notre manière d’être habituelle à la leur . Nous sentons bien que dans leur présence nous ne pouvons pas nous comporter de la même manière. Nos gestes deviennent plus nobles, notre regard plus pur. Notre visage se pacifie. Nous sommes comme saisis dans le silence qui est plénitude de la Présence. C’est comme si tous nos sens étaient soudain en éveil et pouvaient capter la réalité et la beauté du Royaume. En contemplant Marie, nous sommes comme introduits dans la profondeur de Son Cœur, dans ce tabernacle où toutes choses sont purifiées. Il nous est alors donné de voir autrement, de nous voir autrement. Dans notre cœur montent la bénédiction et la reconnaissance, de notre bouche sortent des paroles belles, des paroles de vie.
Arrêtons-nous un instant sur cette image de nous-même ennoblie par le regard de la Sainte famille qui nous parle du regard du Père. Nous comprenons alors que nous aussi nous sommes fils et filles bien-aimés du Père, créés à son image et à sa ressemblance, « fils dans le Fils. » Nos actes procèdent de l’image que nous avons de nous-mêmes, de la certitude que nous sommes infiniment aimés, que nous avons du prix aux yeux de Dieu, ou du doute que nous sommes aimables, « valables ». Nous agissons alors conformément à ce que nous croyons être. Un enfant à qui on a dit qu’il était méchant, essayera de prouver qu’il est méchant. Si quelqu’un se met à poser un autre regard sur lui, qui lui révèle qu’il peut être bon, il agira autrement.
Consacrons maintenant toutes nos actions à la Trinité par les mains et le Cœur de Marie pour qu’il nous soit donné de faire toutes sortes d’oeuvres bonnes et belles, mais aussi dans la foi que Dieu transforme le mal en bien, qu’Il regarde le désir de nos cœurs quand nos actes nous échappent et que nous faisons pas le bien que nous voulons et que nous faisons le mal que nous ne voulons pas.
Prière
Seigneur, nous te rendons grâce d’avoir pris chair de la Vierge Marie, d’avoir pris notre condition humaine et de l’avoir pleinement assumée pour que nous puissions être élevés à la dignité de fils et de filles de Dieu. Comme toi, nous voulons nous laisser éduquer par Marie, lui remettre toutes nos actions, tout ce que nous entreprenons en ton Non, pour que notre être tout entier soit une humanité de surcroît et qu’à travers nous tu puisses triompher du mal et établir ton Règne sur la terre comme au Ciel.
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