Ma parole est créatrice !

ARTICLE DE JO CROISSANT
16ème jour : Consécration de nos pensées et nos paroles

Mère du Verbe, la conversation avec Marie

« Etablis Seigneur une garde à ma bouche et veille sur la porte de mes lèvres
N’inclines pas mon cœur à des œuvres de mal
A faire acte d’impiété avec les malfaisants. »(Ps 140, 3 et 4)

Quand nous nous confessons nous avouons avoir péché « en pensées, en paroles, par action et par omission. » Le péché s’introduit en nous par les sens qui produisent des impressions qui font naître des pensées que nous traduisons en paroles puis en actes. Eve entendit d’abord la parole du serpent. Elle vit ensuite « que l’arbre était bon à manger et séduisant à voir ». Elle pensa alors « qu’il était désirable pour acquérir le discernement. » Ayant accueilli cette pensée, « elle prit le fruit et le mangea. »
Le chemin de la tentation est très subtil. Il commence par les pensées. Si nous ne sommes pas attentifs cela se fait à notre insu, sans que nous ayons vraiment conscience de ce qui se passe. Quand nous avons accueilli ces pensées, elles prennent pouvoir sur nous. Si elles sont bonnes et positives elles nous donnent paix force et joie. Si elles sont mauvaises et négatives elles nous troublent, nous enlèvent toute énergie et nous attristent. Il nous faut comprendre que nous avons la possibilité d’accepter ou de refuser les pensées qui se présentent à nous, et qu’il y a tout un travail de discernement à faire pour reconnaître celles qui viennent de Dieu, celles qui viennent de la chair et celles qui viennent du démon.
Une pensée qui vient de Dieu se reconnaît par sa simplicité. Elle nous établit dans une grande paix. Elle est constructive et nous donne des lumières pour notre vie. Quand l’esprit de Dieu se joint à notre esprit, notre intelligence peut sonder les mystères de la Création, et devenir créative à son tour.
Si elle vient de « l’ennemi », elle produit un trouble caractéristique. Elle nous submerge et revient de manière lancinante en nous plongeant dans l’angoisse, l’accablement, le découragement ou le désespoir.
Si elle vient de notre chair, elle est facile à changer et à maîtriser. Une pensée en chasse une autre. Il arrive que dans la difficulté nos pensées soient souvent confuses ou compliquées, elles ne nous construisent pas, mais nous font tourner en rond. Il s’agit alors d’évacuer les pensées négatives ou inutiles et de nous centrer sur les pensées positives et le souvenir de Dieu.
Quand nous entrons dans la prière, nous prenons conscience que nous sommes habités par un discours incessant et que nous avons du mal à rentrer dans le silence intérieur. Le moment de la prière est le moment où s’agitent toutes ces pensées, et si parfois nous sommes conduits immédiatement au silence et à la plénitude de la Présence, il arrive souvent que nous soyons envahis par toutes sortes de pensées qui tourbillonnent dans notre tête et nous empêchent de descendre dans notre cœur.
Quand nous n’avons pas fait le tri dans nos pensées, alors il est difficile, voire même impossible de maîtriser notre langage. Nos paroles nous trahissent. L’Ecclésiaste nous dit :
« Le four éprouve les vases du potier. L’épreuve de l’homme est dans sa conversation. » (Ecc 27, 5) et au verset 7 :
« Ne loue personne avant qu’il n’ait parlé, car c’est là la pierre de touche. »
Nous sommes souvent semblables à ces princesses, sœurs de Cendrillon dont le cœur était mauvais. Chaque fois qu’elles ouvraient leur bouche pour dire des méchancetés, il s’en échappaient des serpents et des scorpions et une odeur fétide. Quand Cendrillon qui était bonne parlait, c’étaient des roses odorantes qui sortaient de sa bouche.
« Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui sort de sa bouche, voilà ce qui le souille. »(Mt 15, 11)
Saint Jacques développera cela : « Si quelqu’un ne commet pas d’écart en paroles, c’est un homme parfait, il est capable de réfréner tout son corps. (Jc 3, 2) et encore : « De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas mes frères qu’il en soit ainsi. » (Jc 3, 10)
C’est certainement ce que doivent entendre le plus fréquemment les confesseurs : nous avons pensé du mal et nous en avons dit, nous avons jugé, nous avons médit, ou maudit.
Cela pourrait nous décourager de voir que nous tombons le plus souvent dans les mêmes travers, que nous confessons toujours la même chose.
Une fois encore le Cœur de Marie nous est donné. Cela peut sembler abstrait, c’est pourquoi il est nécessaire de nous poser la question de ce que signifie pour nous personnellement la Consécration à son Cœur Immaculé.
Il est dit de Marie qu’elle repassait tous ces événements dans son cœur. Nous savons qu’en hébreu le mot davar peut se traduire par parole, chose ou événement. Cela veut dire que Marie posait un regard pur sur toutes choses, toute parole entendue, tout événement vécu. Elle ne pensait pas au niveau de sa tête, mais elle accueillait tout dans son cœur dans la contemplation du « dessein bienveillant du Père ». Consacrer nos pensées et nos paroles à Marie, c’est accepter de ne pas les garder pour nous, de prendre de la distance par rapport à ce que nous croyons, de considérer toutes choses à la lumière de son regard, de laisser purifier notre cœur au contact du sien. Elle nous donne le secret : « Emplissez vos cœurs en tout temps, même par de toutes petites prières. » Remplacez le discours intérieur incessant par des prières perpétuelles, des élans du cœur vers le Père. La Puissance de la Parole de Dieu, qui est parole de vie triomphera en nous du mal et des puissances de la mort qui nous gardent captifs. C’est ainsi que pourra s’étendre le règne de son Cœur Immaculé selon la prophétie de Fatima : « A la fin mon Cœur Immaculé triomphera. » C’est dans chacun de nos cœurs que doit s’opérer cette victoire du bien sur le mal, et
c’est nous qui en sommes les artisans.

EXERCICES

Examinons nos pensées à la lumière du Cœur Immaculé de Marie.
Choisissons trois pensées : une qui nous met dans la paix.
Une qui nous met dans le trouble.
Une qui nous met dans la confusion.

*Accueillons celle qui nous met dans la paix. Laissons la envahir notre intelligence, prendre toute la place et descendre dans notre cœur. Prenons le temps de la laisser se fortifier en nous, se transformer en une Parole de Vie. Cherchons dans la Parole de Dieu les paroles correspondantes qui vont renforcer en nous la foi que ceci est la volonté de Dieu pour nous et permettre que le Verbe de Dieu se fasse chair dans notre vie.

*Laissons remonter une pensée qui nous trouble.
Donnons lui corps en l’exprimant par des paroles que nous allons dire à haute voix : « Je pense que……. ».
En faisant cela nous mettons cette pensée en face de nous.
Posons nous la question : « Est ce que je pense vraiment que….. ? »
Prenons conscience que cette pensée est en nous, elle nous traverse, mais nous ne sommes pas obligés de l’accueillir et de la faire notre. Nous sommes libres de l’accepter et de la laisser prendre possession de nous ou de la rejeter.
Prenons la décision de refuser cette pensée en disant à haute voix :
« Cette pensée est en moi, mais elle n’est pas de moi. Je ne suis pas d’accord. »
Choisissons librement la pensée à laquelle nous voulons adhérer, la Parole que nous voulons croire. Exprimons la à haute voix.

*Laissons remonter maintenant des pensées contradictoires.
« Je pense ceci, et je pense cela. Aujourd’hui je me dis ceci, et hier je me disais cela. Je ne sais plus quoi penser »
Ecrivons sur notre cahier d’exercices chacune de ces pensées.
Prenons le temps de nous mettre en face de chacune d’entre elles et d’examiner ses effets sur notre cœur.
Descendons plus profondément dans le sanctuaire intérieur pour entrer dans le silence, dans ce lieu où nous rejoignons le Cœur Immaculé de Marie et où toutes choses se purifient. Acceptons de ne pas savoir momentanément, de ne pas avoir la réponse à toutes nos questions, d’attendre que cela nous soit donné « d’en Haut » au moment choisi par Dieu.

Il nous arrive plusieurs fois par jour de dire des paroles qui nous échappent et qui font du mal, à nous mêmes et aux autres. Nous n’arrivons pas à tout maîtriser, mais nous pouvons nous y exercer de la manière suivante :
· Chaque fois que nous nous surprenons à dire quelque chose de négatif, efforçons nous d’exprimer la chose d’une manière neutre ou mieux encore, positive. Par exemple, au lieu de dire : « Quel sale temps, ou quel temps épouvantable. C’est toujours comme ça quand on veut sortir !…. » , on peut dire : Tiens, il pleut aujourd’hui ! Je n’aurai pas besoin d’arroser. ou encore : Comme les couleurs sont belles sous la pluie ! Cette grisaille a un charme indicible. »
Pour chaque parole négative, chaque malédiction, engageons nous à dire à haute voix et devant témoin, deux paroles positives, deux bénédictions. Par exemple, au lieu de remarquer tout de suite ce qui ne va pas, on peut chercher quelles sont les qualités de la personne, ce qu’elle a fait de bien. Ainsi peu à peu, comme nous y exhorte Saint Paul, nous triompherons du mal par le Bien

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