Pèlerinage jubilaire à Athènes

Déclaration: Vers l´unité et la paix des Eglises, en Europe, dans le monde
Condamnation de la violence, du prosélytisme et du fanatisme

CITE DU VATICAN, Vendredi 4 mai 2001
– Le pape Jean-Paul II et l’archevêque orthodoxe d’Athènes et de toute la Grèce, Christodoulos condamnent “tout recours à la violence, au prosélytisme et au fanatisme au nom de la religion”, prient pour l’unité et la paix et s’engagent à travailler ensemble à la construction d’un monde plus juste (cf. Texte intégral ci-dessous, in Documents).

Une première dans l’histoire de l’Eglise
C’est la première fois qu’une telle déclaration est signée avec l’Eglise orthodoxe de Grèce, et en Grèce. Elle s’intitule: “Déclaration commune du pape Jean-Paul II et de Sa Béatitude Christodoulos, devant la Bema de saint Paul, l’Apôtre des Nations”.

Des Actes des Apôtres à la Déclaration commune
Cette “déclaration commune”, en six points, a été signée ce matin au siège de l’archevêché orthodoxe, à la fin de l’échange de discours et de dons qui a suivi l’entretien privé du pape et de l’archevêque. Son contenu a été proclamé solennellement depuis l’aréopage, au cours d’une cérémonie solennelle, en présence d’une centaine de personnes, après la vénération de l’icône de l’Apôtre Paul et la proclamation du passage des Actes des Apôtres où saint Luc rapporte le discours de Paul depuis la tribune (“Bema”) de l’aréopage.

Les violons de la paix
Le son nostalgique des violons qui ont accompagné toute la rencontre répondait à cette proclamation solennelle, entretenant un moment le recueillement avant que le président de la République, le Premier ministre, le Président de la Chambre des députés et d’autres personnalités s’avancent pour saluer le pape et l’archevêque.

La douceur du soir
La lumière et la brise du soir baignaient toute la cérémonie de douceur, tandis que peu à peu rosissait l’éperon rocheux qui dominait la tribune paulienne, dressant haut dans le ciel limpide la Croix du Christ. Les cyprès et les pins alentours frissonnaient sous le vent, tandis que l’Acropole rappelait sur la droite, la puissante splendeur de la Grèce antique que l’Evangile a rencontrée ici.

Le mystère de l’icône
Notons que tout au long de la journée, les icônes, trésor spirituel de l’Orient chrétien, présence silencieuse du mystère et de siècles de fidélité à l’évangile, ont accompagné la visite du pape: l’icône embrassée par le pape à son arrivée à l’archevêché orthodoxe, l’icône de Marie “Odigitria” – qui montre le chemin, le Christ – qui présidait à la rencontre, les icônes échangées en cadeau (la Vierge offerte au pape et le Christ Pantocrator offert à l’archevêque), l’icône de l’apôtre Paul, à l’aréopage.

L’apôtre préside à l’unité
Cette icône resplendissait dans ses ors sous le soleil du soir. L’apôtre, debout, bénit de sa droite, – tournée vers le pape étant donnée la place du pape à la droite de l’archevêque -, et tient l’évangile dans sa gauche, et semble unir, et non séparer, les deux hommes. Le pape s’est attardé à la fin de la cérémonie, devant l’icône, murmurant ce qui pouvait être un remerciement à l’apôtre, avant d’embrasser encore l’icône. L’archevêque venait de faire quelque commentaire sur le roc qui surplombe l’aréopage et l’aidait ensuite à descendre les quelques marches du podium revêtues de rouge.

Départ serein
L’archevêque, le pape et leurs suites respectives quittaient ensuite l’aréopage avec un sourire heureux, s’attardant encore à quelques salutations dans une foule qui se resserrait autour du pape, rendant sa progression difficile. On attendait quelques centaines de personnes, mais la télévision italienne en annonçait près de deux mille. Le pape partait mais pour recevoir à son tour l’archevêque à la nonciature pour une visite de courtoisie.

La foi et le pardon
La déclaration est placée d’emblée sous la protection de l’Apôtre Paul qui, dit la déclaration, “invita ici ses auditeurs à la foi et au pardon”. Un prêtre grec, faisait remarquer, sur Telepace qu’il faut savoir entendre ce texte avec des oreilles orientales, et non pas la rationalité occidentale: ce ne sont pas “que des paroles”.

Action de grâce
La déclaration part d’une action de grâce des deux serviteurs de Dieu pour leur “rencontre” et leur “échange mutuel, ici, dans l’illustre ville d’Athènes, Siège primatial de l’Église orthodoxe apostolique de Grèce”.

La paix entre les Chrétiens
Elle reprend ensuite l’exhortation de Paul à l’unité, pour les chrétiens, et à la paix dans le monde: “Soyez tous d’accord, et qu’il n’y ait pas de divisions parmi vous; soyez bien unis dans un même esprit et dans une même pensée” (1 Co 1,10). “Nous prions, dit la déclaration, pour que cette exhortation soit entendue par tout le monde chrétien en sorte que la paix puisse advenir”. C’est pourquoi elle condamne “tout recours à la violence, au prosélytisme et au fanatisme au nom de la religion”. “Les relations entre chrétiens, continue la déclaration, dans toutes leurs manifestations, doivent être empreintes d’honnêteté, de prudence et de connaissance des questions en cause”.

La valeur de la vie
Du point de vue social, la prise de position commune ne mâche pas ses mots. Voici le diagnostic du point de vue négatif: “Nous observons que l’évolution humaine sociale et scientifique n’a pas été suivie par un approfondissement plus grand du sens et de la valeur de la vie, qui, en toute circonstance, est un don de Dieu, ni d’une appréciation de la dignité unique de l’être humain, créé à l’image et à la ressemblance du Créateur. Bien plus, le développement économique et technologique profite non pas de manière équitable à toute l’humanité mais seulement à une toute petite partie d’entre elle. En outre, les améliorations des conditions de vie n’ont pas entraîné l’ouverture du cœur des hommes à leurs prochains qui souffrent de la faim et du dénuement”.

La justice sociale
Pourtant ce constat conduit à un engagement à “œuvrer ensemble pour faire prévaloir la justice, pour venir en aide aux nécessiteux et pour servir ceux qui souffrent”.

La paix dans le monde
La déclaration prend une dimension internationale: “Nous sommes consternés de constater que les guerres, les massacres, la torture et le martyre constituent une terrible réalité quotidienne pour des millions de nos frères”. Sévère diagnostic qui là aussi s’accompagne d’un engagement ” à lutter pour le progrès de la paix dans le monde, pour le respect de la vie et de la dignité humaines, et pour la solidarité avec tous ceux qui sont dans le besoin”.

La trêve olympique
Cet appel s’appuie sur la perspective des jeux olympiques qui retournent en 2004 dans leur “mère patrie” en quelque sorte: “Nous sommes heureux d’associer nos voix à la voix de beaucoup à travers le monde qui ont manifesté l’espoir que, à l’occasion des Jeux olympiques qui auront lieu en Grèce en 2004, revivra l’antique tradition grecque de la trêve olympique, de sorte que cessent toutes les guerres et que s’arrêtent le terrorisme et la violence”.

La mondialisation de la fraternité dans le Christ
Les préoccupations du pape et de l’archevêque se rejoignent également pour ce qui est de la manière dont se fait la mondialisation, et espèrent la “mondialisation de la fraternité dans le Christ”: “Nous souhaitons mettre en évidence que ses fruits pourraient s’avérer nuisibles si ce que l’on pourrait appeler la “mondialisation de la fraternité” dans le Christ n’était pas réalisée en toute sincérité et efficacité”.

Traditions et identité nationales en Europe
Mais l’actualité, en Grèce c’est aussi la construction de la communauté européenne dont il a été beaucoup parlé en ce jour. C’est pourquoi le pape et l’archevêque orthodoxe déclarent: “L’union du monde européen en une seule entité civile, sans qu’il y ait pour les peuples perte de leur propre conscience, de leurs traditions et de leur identité nationales, telle a été l’intuition des pionniers”.

Son âme chrétienne
Il mettaient cependant en garde à la construction d’une Europe sans référence aux valeurs chrétiennes. Cela constitue, disent-ils sans ambages, “une régression et une négation de leur héritage spirituel”. Là aussi une constatation négative est l’occasion d’affirmer un engagement à “intensifier” les efforts “pour que l’unification de l’Europe puisse se réaliser”, et “pour que les racines chrétiennes de l’Europe et que son âme chrétienne puissent être gardées intactes”.

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La demande de pardon de Jean-Paul II saluée par des applaudissements
Rencontre décisive à l´archevêché orthodoxe

CITE DU VATICAN, Vendredi 4 mai 2001
– Jean-Paul II a répondu au discours de l’archevêque orthodoxe d’Athènes par une demande de pardon à Dieu pour les violences perpétrées autrefois par des catholiques latins à l’encontre de chrétiens orthodoxes. Cette prière a été accueillie par les applaudissements de l’archevêque Christodoulos, entraînant par son geste les applaudissements d’autres personnes présentes, en particulier des membres du saint Synode présents à la rencontre (cf. Texte intégral ci-dessous, in Documents).

Puisse le Seigneur nous accorder le pardon
“Pour toutes les occasions passées et présentes où les fils et les filles de l’Église catholique ont péché par action et par omission contre leurs frères et sœurs orthodoxes, puisse le Seigneur nous accorder le pardon que nous lui demandons!” Spontanément, l’archevêque Christodolos applaudissait. L’après-midi, après la lecture de la déclaration commune, il allait aussi entraîner les applaudissements.

Le regret des catholiques
Le pape n’hésitait pas à préciser à propos du sac de Constantinople par les Croisés en 1204: ” Certains souvenirs sont particulièrement douloureux, et certains événements d’un lointain passé ont laissé jusqu’à ce jour de profondes blessures dans les esprits et dans les cœurs du peuple. Je pense au sac dramatique de la ville impériale de Constantinople, qui était depuis si longtemps le bastion de la Chrétienté en Orient. Il est tragique que les assaillants, qui étaient partis assurer le libre accès des chrétiens à la Terre Sainte, se soient retournés contre leurs frères dans la foi. Le fait que des chrétiens latins y participaient remplit les catholiques d’un profond regret”.

Le mystère d’iniquité
Dans une atmosphère particulièrement recueillie, le pape continuait en allant à la racine du mal: “Comment ne pas voir ici le mysterium iniquitatis à l’œuvre dans le cœur de l’homme? Le jugement appartient seulement à Dieu, et par conséquent nous confions le lourd fardeau du passé à son infinie miséricorde, l’implorant de guérir les blessures qui font encore souffrir le cœur du peuple grec. Ensemble, nous devons travailler à cette guérison, si l’Europe qui émerge maintenant désire être vraie avec son identité, qui est inséparable de l’humanisme chrétien partagé par l’Orient et par l’Occident”.

“Je salue le clergé, les communautés monastiques…”
D’emblée, le pape avait dit sa joie que lui procure cette visite: “J’ai la grande joie de rencontrer Votre Béatitude au Siège primatial de l’Église orthodoxe de Grèce. J’adresse des vœux fervents aux membres du Saint-Synode et à toute la hiérarchie. Je salue le clergé, les communautés monastiques et les fidèles de cette noble terre. Que la paix soit avec vous tous!” Un vœu qui prend toute sa force lorsqu’on sait que la principale résistance à la venue du pape venait précisément des milieux monastiques ultra-conservateurs.

Affection et considération
” Je voudrais tout d’abord vous manifester l’affection et la considération de l’Église de Rome”, continuait le pape, insistant sur ce qui unit: “Ensemble, nous partageons la foi apostolique en Jésus Christ, notre Seigneur et notre Sauveur; nous avons en commun l’héritage apostolique et le lien sacramentel du Baptême; et de ce fait nous sommes tous membres de la famille de Dieu, appelés à servir l’unique Seigneur et à proclamer son Évangile au monde”. Il soulignait que le Concile Vatican II “a invité les catholiques à considérer les membres des autres Églises “comme frères dans le Christ” (Unitatis Redintegratio, n. 3), et le lien surnaturel de la fraternité entre l’Église de Rome et l’Église de Grèce est fort et durable”.

Purification de la mémoire
Pour ce qui concerne, mais ensuite seulement, “le fardeau de controverses passées et présentes”, et les “incompréhensions persistantes”, le pape invitait à un “esprit de charité mutuelle”, pour les dépasser, “parce que tel est ce que le Seigneur nous demande”. Le pape rappelait un thème jubilaire s’il en est: “On a clairement besoin d’un processus libérateur de purification de la mémoire”.

Ce que la Chrétienté grecque a légué à l’Eglise
Le pape redisait, faisant l’éloge de la foi de l’Eglise en Grèce, “l’admiration sincère que l’Église de Rome porte à l’Église orthodoxe de Grèce pour la manière dont elle a préservé son héritage de foi et de vie chrétienne”. “Le nom de la Grèce résonne partout où l’Évangile est proclamé, continuait le pape. Le nom de ses villes est connu des chrétiens”. L’Église orthodoxe de Grèce, continuait le pape n citant le concile, “constitue une riche source à laquelle l’Église d’Occident a puisé sa liturgie, sa spiritualité et son droit”. “Les Pères, interprètes privilégiés de toute la Tradition apostolique, et les Conciles, dont les enseignements demeurent un élément incontournable de la foi chrétienne, constituent le patrimoine de l’Église entière, ajoutait le pape. L’Église universelle ne peut jamais oublier ce que la Chrétienté grecque lui a légué, ni cesser de rendre grâce pour l’influence durable de la tradition grecque”.

“La pleine communion”, “ni absorption, ni fusion”
Insistant sur l’héritage du concile Vatican II, rappelant aux catholiques “l’amour des orthodoxes pour la liturgie, à travers laquelle les croyants ” obtiennent la communion avec la très sainte Trinité, étant devenus participants de la nature divine” (Unitatis Redintegratio, n. 15)”. L’Église orthodoxe de Grèce, rappelait à son tour le pape, “a suscité une foule de saints qui intercèdent pour tout le Peuple de Dieu devant son Trône de Grâce”. Il allait jusqu’à parler “d’œcuménisme de la sainteté” comme la voie de “la pleine communion”, ni “absorption”, ni “fusion”, mais “rencontre dans la vérité et dans l’amour”.

Péché aux yeux de Dieu et scandale aux yeux du monde
Le modèle invoqué est celui de la levée des anathèmes en 1965, “par un acte réciproque”, du Patriarche œcuménique Athénagoras et du Pape Paul VI: Il ont, rappelle Jean-Paul II “retiré et annulé de la mémoire et de la vie de l’Église la sentence d’excommunication entre Rome et Constantinople”. Et d’expliquer: “Ce geste historique nous pousse à travailler de manière toujours plus fervente en faveur de l’unité, qui est la volonté du Christ. La division entre chrétiens est un péché aux yeux de Dieu et un scandale aux yeux du monde. C’est une entrave à la propagation de l’Évangile, parce qu’elle rend notre proclamation moins crédible”.

Engagement à l’unité, sans retour
Le pape réaffirmait l’engagement de l’Eglise catholique dans ce sens par “le dialogue fraternel”, la “coopération” et la “prière”, dans l’ouverture et l’attention “à ce que l’Esprit dit maintenant aux Églises (Cf. Ap 2, 11)”.
Le pape prenait comme modèle de cette rencontre celle des disciples rejoint par le Christ ressuscité à Emmaüs. Le Christ, explique le pape, “les enseigne en interprétant pour eux les Écritures”. Le pape conclut: “La quête pour la réconciliation et pour la pleine communion nous appelle nous aussi à scruter les Écritures, afin de nous laisser enseigner par Dieu (Cf. 1 Th 4, 9)”.
“L’Église catholique, affirmait le pape, est sans retour engagée sur le chemin de l’unité avec toutes les Églises. Ainsi seulement, l’unique Peuple de Dieu brillera dans le monde comme le signe et l’instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain (Cf. Lumen gentium, n.1)”.

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Franchise orthodoxe et “nostalgie” du retour à l´unité
Discours de S. B. Christodoulos

CITE DU VATICAN, Vendredi 4 mai 2001 – La “franchise” de l’archevêque orthodoxe d’Athènes, S. B. Christodoulos, quant aux ressentiments envers l’Occident, s’accompagnait aujourd’hui, lors de son discours à l’archevêché où il accueillait Jean-Paul II, de déclarations très positives sur l’évolution des relations avec Rome depuis Vatican II et la “nostalgie” du retour à l’unité. Il demandait à Jean-Paul II de prier devant l’icône de la Vierge qu’il lui offrait pour l’unité des Eglises.

Entretien prolongé
Le pape Jean-Paul II est arrivé vers 12 h 30 au siège de l’archevêché orthodoxe et a été accueilli par l’archevêque Christodoulos. Dès son arrivée, il a embrassé l’icône qui lui était présentée, selon la tradition orientale. Il a ensuite salué les membres du saint synode présents et il a présenté les membres de la délégation vaticane. Parmi les personnalités présentes à la rencontre se trouvaient les cardinaux Angelo Sodano, Secrétaire d’Etat, Francis Arinze, président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, le cardinal Walter Kasper, président du conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, Mgr Sandri, Substitut, et Mgr Paul Fouad Tabet, Nonce apostolique. Le pape et l’archevêque ont eu ensuite un entretien prolongé tandis que les deux délégations prenaient un rafraîchissement, une tradition de l’hospitalité grecque mais aussi une nécessité. En effet, certains membres du synodes s’éventaient: le printemps athénien est déjà un été!

Echange de discours et de dons
Le pape Jean-Paul II répondait ensuite – en anglais – à un discours dans lequel l’archevêque Christodoulous disait – en grec – sa joie d’accueillir le pape à Athènes, et l’ “honneur” qui lui était fait, en tant que “chef de ‘Eglise orthodoxe grecque” de pouvoir recevoir “le chef de l’Eglise romaine catholique”.

Le fondateur
L’archevêque disait tout d’abord son “émotion” devant le pèlerinage effectué par Jean-Paul II sur les pas de saint Paul, “fondateur de notre Eglise”, disait-il. Il soulignait que c’était la première fois qu’un pape se rendait à Athènes: “nous nous en réjouissons tellement”, ajoutait l’archevêque.

Le poids du passé
Mais reconnaissait avec franchise que cette joie était “obscurcie” par les séquelles des siècles passés. Il citait la levée des anathèmes opérée par Athénagoras et Paul VI mais que subsistaient encore les traces des “raisons” qui ont provoqué ces anathèmes, les péchés, les faiblesses qui ont marqué mille ans d’histoire, et en particulier les “violences” de l’Occident contre le “monde orthodoxe”, et le “traumatisme” laissé par ce passé, en particulier la “folie destructrice des Croisés” et la “domination occidentale en Orient”.

L’uniatisme
L’archevêque ajoutait les “difficultés” crées par “l’uniatisme”, si présente pour l’Eglise grecque qu’elle a refusé, rappelons-le, la présence dans la suite du pape du cardinal Daoud (cf. ZF010503): l’uniatisme a “arrêté le dialogue”, disait l’archevêque. Il disait attendre de Jean-Paul II des paroles “dignes d’un évêque chrétien” de façon à pouvoir arriver au “pardon” et à la “pacification”.

L’héritage de Vatican II
Mais l’archevêque n’en restait pas à ce bilan assombri. Il reconnaissait tous les pas accomplis en particulier depuis Vatican II, en particulier par un domaine du dialogue théologique, “sincère”. Il évoquait aussi les nombreux Pères de l’Eglise grecque auxquels se réfèrent les déclarations conciliaires, comme Athanase, Cyrille, Irénée ou Maxime le Confesseur. Plus récemment, il saluait l’encyclique de Jean-Paul II “Ut Unum sint” où le pape propose “d’affronter les causes de la désunion”.

La “nostalgie d’un retour à l’unité
L’archevêque évoquait clairement la “nostalgie d’un retour à l’unité de la chrétienté”. Il affirmait, citant implicitement saint Paul : “Nous voulons former tous un seul corps, un seul esprit, avec un seul Seigneur, un seul Père, une seule foi, un seul baptême, un seul Seigneur, tout en tous”.

Cyrille et Méthode
Mais S. B. Christodoulos évoquait aussi la situation actuelle du christianisme en Europe et saluait le rôle de Jean-Paul II dans la défense des valeurs chrétiennes, en particulier le fait qu’il ait proclamé les deux frères de Thessalonique, apôtres des Slaves, Cyrille et Méthode (IXe s.) patrons de l’Europe (31 décembre 1980). Pour avoir souligné l’importance de ces deux saints et leur contribution à la foi en Europe, l’archevêque disait “merci” au pape.

Travailler à une Europe unie
Pour ce qui est des souffrances des orthodoxes grecs, l’archevêque citait ensuite la situation des Chypriotes d’origine grecque dans l’île encore divisée entre Grèce et Turquie. “Il est temps de travailler à une Europe unie”, reconnaissait l’archevêque, une Europe où il n’ay ait pas seulement des Etats “laïcs” et athées. “L’Europe doit avoir une identité spirituelle et chrétienne”, disait-il. Il ne s’agit pas, par conséquent de “lutter les uns contre les autres”, ni se servir de “critères de base mondains” pour les relations entre les Eglises.

L’évangile de la vie
Dans ce contexte européen, il soulignait en particulier la nécessité de porter au XXIe s. “l’évangile de la vie, de la grâce, et de la “liberté”. L’homme moderne, constatait l’archevêque, comblé de biens matériels, a besoin de “spiritualité”.

Les lauriers de saint Paul
“Je vous souhaite, Saint-Père, un séjour béni”, concluait l’archevêque orthodoxe, pour “l’union des Chrétiens, de tous et la gloire de Dieu”. Et il offrait à Jean-Paul II une cône de la Vierge, étant donné, disait-il en français, la “dévotion” bien connu du pape envers la Mère de Dieu. Il demandait au pape de prier devant cette icône “pour l’unité de nos Eglises”. Il lui offrait également un souvenir de son pèlerinage paulinien: une couronne de lauriers en argent massif dont chaque feuille représente un des lieux visités par saint Paul, entre Damas et Rome: Jean-Paul II visitera trois d’entre eux, soulignait l’archevêque

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